VERB
VERB
Amiens France
Au commencement était VERB. La biographie commencera ainsi. Un mot, sans e, une absence non pas en référence à Georges Pérec, mais comme le désir de s’inscrire d’ores et déjà au-delà des frontières nationales. Verb donc, soit un trio formé voici un peu plus de deux ans, entre deux amis du conserva- toire d’Amiens, le pianiste Noam Duboille et le contrebassiste Charles Thuillier, suite à leur rencontre avec le batteur Garcia Etoa Ottou. À eux trois, ils n’ont même pas l’âge de prendre leur retraite. Le premier et plus jeune affiche 19 ans au compteur, étudiant désormais au CRR de Paris, du talent plein les doigts. Le second, moins de deux son aîné, lui aussi natif d’Amiens, fait ses gammes classiques aujourd’hui au conservatoire de Douai, et même des piges avec l’orchestre de Picardie, sans oublier un ADN ancré dans l’improvisation, telle que pratiquée par son père, le tubiste François Thuillier. Quant au troisième, né voici 27 ans à Yaoundé et formé en autodidacte au gospel que prêche à l’église son père pasteur, il a rejoint la France en 2018 pour parfaire sa science musicale au conservatoire.
C’est au Charleston, un café du côté d’Amiens, que ce trio a éclos. Une première jam session sitôt suivie de répétitions à l’été 2022 et des premiers concerts dès l’automne dont l’ouverture de la saison de la prestigieuse Maison de la culture d’Amiens, et bientôt une escapade en Belgique, à Comines. Les trois font l’affaire, soudés comme pas deux, et le répertoire sera huilé peu à peu. Des prétextes mélo- diques, des idées harmoniques ou un début de rythmique, cela suffit pour entamer une conversation propice à être couchée sur une partition. « L’essentiel se joue à l’oreille. Le répertoire s’est construit au fur et à mesure de nos répétitions, où nous testons des arrangements. Il suffit de bien s’entendre », résume le contrebassiste.
Tant et si bien que le trio concourt au tremplin de Jazz à Vienne à l’été 2023. Résultat concluant, une première place qui leur offre la possibilité d’enregistrer un disque avec Komos.
Dans le prolongement, il est question d’une triple entente entre ceux qui forment ce triangle équilaté- ral. « Nous étions prêts pour l’album. Tout ça s’est fait très vite », reprend le pianiste. Ils prennent le soin de peaufiner leur thématique lors d’une résidence au studio de la Maison de la culture d’Amiens, puis le temps d’une répétition pour déplier tout le répertoire en octobre 2023, avant d’entrer en pistes. Et les voilà pour de bon au studio Pigalle, à Paris, guidés par l’oreille d’Antoine Rajon, directeur artistique du label. « Nous avons enregistré dix morceaux pour en garder huit. Antoine nous a conseillés, tout en nous laissant libres. Il voulait qu’il y ait l’esprit d’un enregistrement de jazz, comme à l’époque, quitte à ce qu’il reste des erreurs techniques. Ce qu’il souhaitait avant tout, c’était privilégier l’énergie du groupe en captant un moment. » Ce qu’est ce premier disque, le début d’une histoire qui s’écrit à trois.
À les écouter, ceux-là sonnent comme une déclaration d’amour au bon vieux trio classique. Leurs références en disent long : Bill Evans pour l’interplay, Keith Jarrett pour la liberté, Oscar Peterson pour la cohésion du son, et puis mention toute spéciale Brian Blade avec Chick Corea et Christian McBride pour le Camerounais. « Le dialoque est au cœur de notre musique. Il y a beaucoup de réponses entre nous, c’est comme une discussion où chacun est libre de prendre la parole, sans s’en tenir à l’accompagnement. D’où le choix de notre nom, qui rappelle qu’on remet en avant ce langage élaboré à trois qui exige une mise en place rythmique. »
« Ecouter, partager, échanger », ce triptyque essentiel selon Charles sera le trépied de ces trois amoureux du jazz, à des années lumière de la tendance actuelle, genre nouvelle vague d’un retour au groove. Et pourtant ils savent swinguer, entre les lignes. « Le jazz est pour moi une déclinaison du gospel. Un de mes cousins m’a initié au jazz fusion, notamment Weather Report. C’est comme ça que je me suis mis à cette musique, dont j’ai souhaité approfondir ma connaissance en venant en France. Cette musique a beaucoup évolué avec le temps, et permet de faire son propre jazz », insiste Garcia. Les deux autres sont au diapason. « Cette musique permet une grande liberté esthétique, même si ce mot veut tout et rien dire », précise Charles qui est tombé dedans tout petit. Noam lui a été initié au conservatoire « où ma prof de piano classique Yukari Bertocchi-Hamada m’a conseillé de me rappro- cher du prof de jazz Maxime Sanchez, étant depuis tout jeune attiré par l’improvisation ».
Au final, ce disque 100% jazz se nomme Symbiose, tout un programme en soi à l’image de la couver- ture qui représente un rhinocéros avec un piquebœuf, l’oiseau sentinelle posé sur son dos. Le symbole fait sens, « même si en termes d’arrangements et d’improvisation, l’idée initiale vient de quelqu’un », pondère Charles. C’est pourquoi seules deux compositions sont signées par les trois : Charleston, en référence au café d’Amiens où tout a commencé et Colonel, « une improvisation à partir d’une ligne de basse, comme un cliché surjoué ». Certes, mais tous les titres témoignent d’une cohésion, telle qu’entendue dans LSF – « pour La si fa, les trois premières notes du titre », précise son auteur Noam Duboille – un titre qui débute piano avant de monter dans les tempos, tout comme Eding, « amour dans ma langue maternelle, l’ewondo » détaille Garcia Etoa Ottou. « Ça parle de ma mère, avec qui je n’ai pas grandi. Je l’ai revu à 23 ans, quand je suis arrivé en France. Ça représente mon sentiment gospel, et mon amour pour la musique. » Et c’est aussi un titre autobiographique du batteur qui conclut ce premier recueil, Doodie, « pour mon fils et en référence aussi à la mélodie que fredonnait sa mère pour le bercer ». Tout juste quatre minutes, traversées de multiples influences, qui laissent augurer de beaux lendemains.
C’est au Charleston, un café du côté d’Amiens, que ce trio a éclos. Une première jam session sitôt suivie de répétitions à l’été 2022 et des premiers concerts dès l’automne dont l’ouverture de la saison de la prestigieuse Maison de la culture d’Amiens, et bientôt une escapade en Belgique, à Comines. Les trois font l’affaire, soudés comme pas deux, et le répertoire sera huilé peu à peu. Des prétextes mélo- diques, des idées harmoniques ou un début de rythmique, cela suffit pour entamer une conversation propice à être couchée sur une partition. « L’essentiel se joue à l’oreille. Le répertoire s’est construit au fur et à mesure de nos répétitions, où nous testons des arrangements. Il suffit de bien s’entendre », résume le contrebassiste.
Tant et si bien que le trio concourt au tremplin de Jazz à Vienne à l’été 2023. Résultat concluant, une première place qui leur offre la possibilité d’enregistrer un disque avec Komos.
Dans le prolongement, il est question d’une triple entente entre ceux qui forment ce triangle équilaté- ral. « Nous étions prêts pour l’album. Tout ça s’est fait très vite », reprend le pianiste. Ils prennent le soin de peaufiner leur thématique lors d’une résidence au studio de la Maison de la culture d’Amiens, puis le temps d’une répétition pour déplier tout le répertoire en octobre 2023, avant d’entrer en pistes. Et les voilà pour de bon au studio Pigalle, à Paris, guidés par l’oreille d’Antoine Rajon, directeur artistique du label. « Nous avons enregistré dix morceaux pour en garder huit. Antoine nous a conseillés, tout en nous laissant libres. Il voulait qu’il y ait l’esprit d’un enregistrement de jazz, comme à l’époque, quitte à ce qu’il reste des erreurs techniques. Ce qu’il souhaitait avant tout, c’était privilégier l’énergie du groupe en captant un moment. » Ce qu’est ce premier disque, le début d’une histoire qui s’écrit à trois.
À les écouter, ceux-là sonnent comme une déclaration d’amour au bon vieux trio classique. Leurs références en disent long : Bill Evans pour l’interplay, Keith Jarrett pour la liberté, Oscar Peterson pour la cohésion du son, et puis mention toute spéciale Brian Blade avec Chick Corea et Christian McBride pour le Camerounais. « Le dialoque est au cœur de notre musique. Il y a beaucoup de réponses entre nous, c’est comme une discussion où chacun est libre de prendre la parole, sans s’en tenir à l’accompagnement. D’où le choix de notre nom, qui rappelle qu’on remet en avant ce langage élaboré à trois qui exige une mise en place rythmique. »
« Ecouter, partager, échanger », ce triptyque essentiel selon Charles sera le trépied de ces trois amoureux du jazz, à des années lumière de la tendance actuelle, genre nouvelle vague d’un retour au groove. Et pourtant ils savent swinguer, entre les lignes. « Le jazz est pour moi une déclinaison du gospel. Un de mes cousins m’a initié au jazz fusion, notamment Weather Report. C’est comme ça que je me suis mis à cette musique, dont j’ai souhaité approfondir ma connaissance en venant en France. Cette musique a beaucoup évolué avec le temps, et permet de faire son propre jazz », insiste Garcia. Les deux autres sont au diapason. « Cette musique permet une grande liberté esthétique, même si ce mot veut tout et rien dire », précise Charles qui est tombé dedans tout petit. Noam lui a été initié au conservatoire « où ma prof de piano classique Yukari Bertocchi-Hamada m’a conseillé de me rappro- cher du prof de jazz Maxime Sanchez, étant depuis tout jeune attiré par l’improvisation ».
Au final, ce disque 100% jazz se nomme Symbiose, tout un programme en soi à l’image de la couver- ture qui représente un rhinocéros avec un piquebœuf, l’oiseau sentinelle posé sur son dos. Le symbole fait sens, « même si en termes d’arrangements et d’improvisation, l’idée initiale vient de quelqu’un », pondère Charles. C’est pourquoi seules deux compositions sont signées par les trois : Charleston, en référence au café d’Amiens où tout a commencé et Colonel, « une improvisation à partir d’une ligne de basse, comme un cliché surjoué ». Certes, mais tous les titres témoignent d’une cohésion, telle qu’entendue dans LSF – « pour La si fa, les trois premières notes du titre », précise son auteur Noam Duboille – un titre qui débute piano avant de monter dans les tempos, tout comme Eding, « amour dans ma langue maternelle, l’ewondo » détaille Garcia Etoa Ottou. « Ça parle de ma mère, avec qui je n’ai pas grandi. Je l’ai revu à 23 ans, quand je suis arrivé en France. Ça représente mon sentiment gospel, et mon amour pour la musique. » Et c’est aussi un titre autobiographique du batteur qui conclut ce premier recueil, Doodie, « pour mon fils et en référence aussi à la mélodie que fredonnait sa mère pour le bercer ». Tout juste quatre minutes, traversées de multiples influences, qui laissent augurer de beaux lendemains.
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